La Roche-Maurice – Eglise Saint-Yves

Il existait un château depuis l’époque des comtes de Léon (XIème siècle) dont une chapelle faisait nécessairement partie. Les Rohan, seigneurs du Léon à partir de 1363, ont probablement reconstruit un sanctuaire plus grand. Nous ne savons rien de lui sinon son existence. Il se trouvait probablement à l’emplacement de l’actuelle église, dans la basse-cour du château.

L’enclos de La Roche-Maurice s’est constitué entre la première moitié du XVIème et le milieu du XVIIème siècle.

Un grand échalier comportant un calvaire (XVIème siècle) limite l’enclos au sud-ouest. Avec l’ossuaire à l’ouest, ce sont les seuls restes avérés de la clôture de l’enclos.

Placé à l’ouest de l’église, l’ossuaire fut construit en 1639 en pierre de Logonna et en schiste. C’est l’un des plus beaux représentants de ces monuments dans la région. Totalement Renaissance, il impressionne par ses dimensions et son iconographie spectaculaire. La façade principale, à l’est, est percée d’une porte encadrée par 2 colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens amortie par un fronton triangulaire.

Cinq fenêtres de chaque côté sont surmontées par autant de niches décoratives, donc vides. Au-dessous, cinq plate-faces sont disposées. A droite, de quatre d’entre elles, émergent des personnages en haut-relief : un paysan avec sa bêche, une jeune femme avec un bouquet de fleurs, un magistrat, un espace vide (en fait un miroir, donc nous) et un pape. L’Ankou, la Mort, surplombe cette frise, à droite au-dessus du bénitier, et en menace les participants de sa flèche avec ses mots terribles « je vous tue tous ».

L’église a commencé à être construite à partir du début du XV ème siècle. Les travaux ont débuté par le chevet plat de style gothique flamboyant, style omniprésent au XVème siècle. Les travaux de construction se sont poursuivis par la nef jusque dans les années 1560.

Le portail sud en kersanton, chef-d’œuvre de finesse, est réalisé vers 1550. Il comporte les statues des apôtres sculptés dans les voussures. Cette disposition se retrouvera dans les porches sud monumentaux présents dans tous les enclos au point d’en devenir un élément incontournable.

La fin du chantier se situe dans les années 1580 puisque le clocher porte la date de 1589. Imposant (60 mètres de haut), il est de type léonard : tour à contreforts surmontée de 2 galeries en encorbellement entourant les 2 chambres de cloches. Une flèche octogonale de style gothique couronne le tout.

Le portail ouest présente une façade Renaissance. La porte est entourée par 2 colonnes lisses à chapiteau ionique et surmontée d’un fronton triangulaire au-dessus duquel a été placée la statue de Saint-Yves, patron de l’église. Les statues de Saint-François d’Assise et de Saint-Vincent Ferrier sont situées de chaque côté.

Cette église est donc l’une des plus anciennes de la région. Peu monumentale par rapport à d’autres, elle  renferme des œuvres d’art de très haut niveau : les sablières, la maîtresse-vitre et le jubé.

L’iconographie des sablières situées dans les bas-côtés à la hauteur des deux premières travées du chœur donc accolées au chevet attestent de l’ancienneté de l’église. Leurs motifs sont typiques de ceux que l’on trouvait au XVème siècle, rendant ainsi ces sablières particulièrement précieuses.

Les autres sablières, apparaitront en 1559-1561, dates gravées dans le bois. Les thèmes sont profanes ainsi que cela était demandé par les commanditaires laïques de ces décorations. On y trouve le labour, l’enterrement et des scènes de divertissement. De superbes blochets ponctuent ce panorama de la vie quotidienne de l’époque.

La grande ouverture ménagée dans le chevet a permis l’installation de l’exceptionnelle maitresse-vitre de 1539 que l’on peut encore admirer. Réalisée par le grand maitre-verrier quimpérois Laurent Le Sodec, elle a pour thème la Passion. Le carton qui a servi à le réaliser est très vraisemblablement inspiré des passions gravées par Albrecht Dürer.

 

L’un des derniers jubés existant encore en France est toujours en place. Sculpté en chêne, polychrome, il date de 1560-70. Il est l’un des plus tardifs. Son style est totalement Renaissance : plafond à caissons avec toupies, godrons, clochetons, cariatides en forme de grotesques, iconographie riche en feuillages en volutes, colonnes cannelées et baguées, etc…

Un soubassement supporte une claire-voie percée d’une double porte. Celle-ci, à son tour, supporte la tribune du haut de laquelle le curé lisait l’Evangile et prononçait le sermon. Sa façade tournée vers la nef comporte 12 niches abritant 9 apôtres et 3 papes. La façade tournée vers le chœur comporte elle aussi 12 niches abritant les statues de saint locaux en majorité (Pol Aurélien, Corentin, Geneviève de Loqueffret, Hervé). La qualité de travail de ces statues n’atteint pas le niveau auquel est parvenu le corps du jubé. Ce n’est évidemment pas le même atelier qui a produit l’ensemble de ce meuble.

De chaque côté, accrochés aux piliers de soutènement, on trouve deux dais. A droite, Sainte-Anne enseigne Marie. A gauche, Sainte-Marguerite d’Antioche sort victorieuse du ventre du démon.

Deux très beaux retables du XVIème siècle complètent cet ensemble d’œuvres de toute première importance. Celui à droite du chœur représente Saint-Yves rendant la justice. A gauche du chœur, Notre-Dame de Bon-Secours est un merveilleux exemple de la statuaire naïve locale.