La Martyre – Eglise Saint-Salomon

Enclos exceptionnel à plus d’un titre, il fut un centre de pèlerinage, on y vénérait les restes de Salomon, roi historique de Bretagne assassiné en 875 dans l’église.

C’est celui dont nous voyons encore des parties du XVème siècle. Les enclos apparaissent presque tous dans la seconde moitié du XVIème siècle et surtout dans la première moitié du XVIIème siècle.

L’église fut financée par  Jean V, duc de Bretagne, et les Rohan. Les enclos seront bâtis par la nouvelle bourgeoisie paysanne qui émerge au XVIème siècle.

La richesse de la paroisse provenait, outre le pèlerinage, essentiellement des revenus de la foire fréquentée par des marchands bretons et venus d’au-delà des frontières de la Bretagne (Flandres, Angleterre.) Les enclos s’enrichiront grâce à la culture et à l’exploitation du lin et du chanvre.

La grande porte, de style gothique flamboyant, à caractère moyenâgeux, est difficile à dater : fin XIVème, fin XVème siècle ?

L’église actuelle est la partie la plus ancienne de l’enclos et plus spécifiquement  le clocher-portail. Il est de la fin du XIIIème et du début du XIVème siècle. Dans la seconde moitié de ce même siècle, la nef fut rebâtie. On en profita pour lui adjoindre le porche sud (1450.) Dès les années 1530, l’agrandissement du chœur fut décidé. Cela donnera l’actuel chevet Beaumanoir dont les ouvertures seront fermées par l’exceptionnelle maitresse-vitre de 1535 réalisée par l’atelier Le Sodec de Quimper dont le thème est la Passion. Une vingtaine d’années plus tard, l’affluence sera devenue telle qu’il s’avèrera nécessaire d’agrandir à nouveau l’église. Le bas-côté nord sera abattu et remplacé par une nef de mêmes dimensions que la nef principale. Le chevet sera conçu plat et le restera. Sa fenêtre sera fermée par un grand vitrail en 1562 avec pour thème la Dormition de Marie et son couronnement au ciel.

L’église se complétera avec l’ossuaire en 1619, accolé au porche-sud, de style italien avec ses cariatides et son atlante ainsi que ses volutes. Enfin, la sacristie monumentale bâtie en 1697-1699 dans le style jésuite achèvera cet impressionnant édifice.

L’on pénètre à l’intérieur par le grand porche sud. Son fronton a pour thème la Nativité. Exceptionnellement bien conservé, l’on peut admirer une Vierge couchée allaitante dont le visage est si proche de celui de ces statues « au sourire » qui firent la renommée de la statuaire des XIIIème, XIVème et XVème siècles. Selon les codes de l’époque, Joseph est assis au pied du lit.

Un bénitier surmonté de l’Ankou accueille le fidèle. Les habituelles niches hébergeant les statues des apôtres (XVIème) surplombent les bancs de pierre. La voute est à croisées d’ogives. Elle conserve les traces de peintures représentant les 4 évangélistes. Deux portes (refaites en 1693), séparées  par un trumeau orné d’une Vierge à l’enfant déhanchée des XVème et XVIème, donnent accès à la nef.

D’emblée, celle-ci se révèle vaste. Les restes de fresques courent sur les murs de la nef accolés au clocher ainsi que dans le bas-côté sud révélant des scènes à caractère religieux. L’on y voit nettement, et par deux fois, les armes des Rohan.

Le chevet Beaumanoir dégage un vaste espace où se dresse le maître-autel baroque sous lequel Salomon est (ou était) enterré ainsi que les panneaux d’un grand retable mural orné de 4 statues grandeur nature, dont une exceptionnelle Trinité « bretonne ».

La seconde nef identique à la principale amplifie l’espace. Ne revenons pas sur le grand vitrail qui orne le chevet plat. Si ce n’est à remarquer la remarquable expressivité des personnages dont certains rappellent des fresques italiennes. Des traces de polychromie subsistent sur le mur du bas-côté nord près de la porte de la sacristie. Les sablières ont été sculptées sur la face nord du mur ainsi que deux blochets.

La chaire tardive (1740) apparaîtra après la disparition des jubés, comme ailleurs, et les fonts baptismaux avec baldaquin datent de 1635.